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PSYCHIATRIE

Suivez-vous les recommandations que vous donnez à vos patients?

  • Le plus possible. Ça n'a pas beaucoup de sens pour moi de proposer quelque chose à un patient qui ne pourrait pas avoir du sens si je l'appliquais à moi-même. Mais personne n'est parfait! ; )

  • Dans l’ensemble, je dirais que oui. J’essaie d’avoir une vie saine. Mais personne n’est parfait…

  • De façon très variable… Souvent oui, souvent non. 

  • La majorité du temps, mais je ne suis pas menteuse, oui je parle parfois à travers mon chapeau. Je dois faire mieux, et pourtant j’essaie de me mettre le plus souvent possible à leur place pour que mes conseils soient réalisables.

 

Est-ce qu’il y avait une facette du programme de résidence qui était inattendue et qui a nécessité une adaptation de votre part ? 

  • Je me souviens avoir trouvé que le stage de pédopsychiatrie était déroutant car à l’époque, c’était une discipline encore plus psychologique et sociale et moins médicale que les autres champs de la psychiatrie. 

Selon vous, quelle est la pratique médicale la plus difficile? La plus facile?

  • La pratique médicale la plus difficile, c'est celle que l'on n'aime pas. Alors choisissez bien votre pratique!

  • Je crois que les domaines exigeant une grande disponibilité d’heures à tout moment du jour et de la nuit sont les plus difficiles.

  • C’est probablement une question de contraintes. Par exemple, les médecins américains qui sont très limités par leurs assureur-payeur ont une pratique probablement frustrante. Une pratique facile en est une où on a à notre disposition les outils dont on a besoin pour soigner: des professionnels paramédicaux, des ressources logistiques, des consultants médicaux accessibles, etc.

  • Les spécialités chirurgicales demeurent très difficiles, sur le plan technique, la gestion du stress, la conciliation avec la vie personnelle , de mon point de vue. Je ne vois rien de facile, sincèrement. 

 

Seriez-vous ami avec vos collègues si vous les aviez rencontrés en dehors du travail?

  • Je ne sais pas, je les ai rencontrés au travail! : )

  • Comment savoir ? mais j’ai des collègues qui sont de bons amis et que je fréquente en dehors du travail

  • Quelques-uns seulement.

  • Je ne suis pas certaine. On passe tellement de temps ensemble, et des épreuves que ça nous soude. Mais je ne suis pas certaine qu’on puisse par ailleurs savoir à l’avance qui deviendront nos amis, peu importe d’où ils viennent. 

 

Quelle est votre boisson alcoolisée préférée ?

  • Bières de type IPA ! Aussi le vin (blanc et rouge) et le scotch

 

Quels traits de votre personnalité sont typiques de votre profession ?

  • Les psychiatres ont souvent un côté plus intellectuel, porté vers la réflexion et moins porté vers l’action. Ce sont souvent des gens qui aiment la culture (littérature, cinéma…). Aussi comme groupe les psychiatres aiment parler et donner leur opinion, ce qui rend la vie départementale souvent complexe.

Est-il difficile de prendre soin de sa santé mentale en entendant toutes les histoires difficiles que peuvent vivre certains patients ?

  • C’est un enjeu bien réel. On peut se sentir envahi par la souffrance des gens, il faut trouver comme dans toutes les disciplines une façon de faire une barrière intérieure, laisser au boulot les soucis qui en découlent et avoir une vie personnelle riche.  Ceci dit, je me souviens d’avoir trouvé que la pédiatrie (avec des enfants parfois très malades voire mourants) était encore plus bouleversante pour moi que la psychiatrie.

 

Quelles sont les qualités d'un bon médecin psychiatre ?

  • Une bonne capacité d’écoute, pour sûr. Une capacité à tolérer l’ambiguïté et l’imprécision. La patience, ne pas espérer de résultats trop rapides de ses interventions. Éviter de juger trop vite les gens. Rester humble.

Quelles sont les différentes spécialités de la psychiatrie ?

  • Les trois surspécialités officielles au Canada sont la pédopsychiatrie, la psychiatrie légale et la gérontopsychiatrie. Il y en a d’autres qui sont plus officieuses, qu’on pourrait qualifier de domaine de compétence accrue : la consultation-liaison (soins auprès des personnes atteintes de problèmes médicaux-chirurgicaux), l’une ou l’autre des psychothérapies, la psychopharmacologie, les soins aux troubles mentaux graves et la réadaptation psychiatrique…

 

Quelle est la spécialité que vous ne feriez jamais? Pourquoi?

  • Je crois que je n’aurais jamais fait une spécialité de laboratoire (comme la pathologie par exemple) ou d’imagerie parce que le contact avec les patients m’aurait manqué. Les spécialités impliquant des interventions courtes et répétitives (comme la dermato ou l’ophtalmo) m’auraient ennuyé . Mais toutes les disciplines ont leur importance!

Pendant vos études en médecine, que faisiez-vous un vendredi soir ? 

  • Habituellement voir des copains ou ma blonde, prendre un verre, aller au cinéma…des choses du genre

Quel est le facteur le plus important selon vous pour réussir une résidence dans votre spécialité? Une carrière dans votre spécialité?

  • Toujours prendre les décisions avec bienveillance, surtout les décisions difficiles.

  • Une attitude ouverte et humble, une bonne capacité à travailler en équipe

  • La résidence: la capacité de faire croire à chaque patron qu’on est d’accord avec lui. La carrière: la capacité de se remettre en question constamment.

  • Il faut un esprit de détective, de synthèse, d’intégration. Beaucoup d’écoute aussi. 

 

Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu?

  • D'accueillir ma grandiosité!

  • Ne pas nécessairement chercher à être formé par de grands noms : ce sont souvent des gens trop occupés par leurs multiples publications et présentations, ils ont peu d’intérêt à montrer les choses de base aux résidents

  • Ne pas me prendre au sérieux.

  • Un professeur plus âgé a réprimandé un patient homme qui avait tenu des propos déplacés devant moi et il m’a dit de ne jamais tolérer ça. Son exemple m’inspire toujours à ce jour. 

 

Quelle est la critique la plus fréquente que vous recevez?

  • Le discours ambiant est en général assez critique envers la psychiatrie mais je pense que beaucoup de gens ne savent pas ce qu'on fait de bien, dans le quotidien, pour les patients...

  • Les résidents ont tendance à trouver que je suis exigeant au niveau des connaissances, que je suis impatient face au travail trop approximatif

  • De mes patients que j’interne de force: trou d'cul.

  • Que c’est décevant que je ne puisse pas traiter l’Alzheimer. 

 

Avez-vous des troubles de santé mentale? Peut-on traiter des gens avec les mêmes troubles que soi?

  • Je pense qu'il faut surtout réfléchir aux raisons qui nous amènent à traiter des patients en particulier, peu importe qu'on ait ou non un enjeu relié à la santé mentale.

  • J’ai eu cette chance de ne pas souffrir de troubles formels de santé mentale, même si j’ai connu des moments difficiles comme dans toute vie, j’imagine. Je pense qu’il est possible de soigner des gens avec des troubles similaires si on est soi-même bien traité ; ça peut donner une perspective de l’intérieur et donner une plus grande empathie, si on est assez humble et ouvert.

  • Oui, un trouble anxieux, heureusement bien contrôlé. Absolument, on peut traiter un individu qui souffre des mêmes enjeux que nous.

 

Quels sont les pathologies ou troubles psychiatriques qui sont les plus intéressantes selon vous?

  • J'ai arrêté de me dire que j'aimais mieux certains troubles psychiatriques parce que franchement, ce sont surtout les personnes qui sont intéressantes.

  • J’ai toujours trouvé les troubles psychotiques intéressants, aussi les troubles neuro-cognitif et neuropsychiatriques.

  • Les psychoses, de très loin.

 

Combien d'heures de travail par semaine en moyenne?

  • Beaucoup!

  • Entre 40 et 55 heures

  • Environ 50.

  • Entre 40 et 55

Qu'est-ce qui vous déplaît le plus dans votre pratique ? 

  • Les patients chroniquement autodestructeurs. Les collègues capricieux.

  • Le manque de ressources pour avoir des équipes interdisciplinaires largement développées.

  • ​Je n’aime pas tellement l’urgence psychiatrique même si j’en ai fait beaucoup

Comment vos collègues vous décriraient-ils?

  • Il faudrait leur demander! La règle de base de la mentalisation est de ne pas présumer de ce que les autres pourraient penser! ; )

  • Probablement assez raisonnable, qui cherche à bien soigner et assez connaissant.

  • Dévoué avec les patients, niaiseux par moments.

  • Drôle et sévère. Une infirmière conseillère de l’équipe me présentait parfois : « Des fois Dre Jessika elle est très exigeante mais elle est très gentille, vous verrez ».

 

Si vous aviez dû vous spécialiser en quelque chose d'autre, que serait-il et pourquoi?

  • Je ne sais pas ce que j'aurais fait d'autre que de la psychiatrie... de l'aménagement paysager peut-être...

  • Je crois que j’aurais aimé la médecine interne générale, ou peut-être même l’orthopédie.

  • Je n’aurais pas survécu à une autre spécialité. Je suis fait pour être psychiatre, point final.

  • Gériatrie peut-être. C’est une approche globale, qui fait appel à des connaissances très variées et au travail interdisciplinaire. 

 

Est-ce que votre spécialité supporte bien les blagues au travail?

  • Oui, c'est essentiel de rigoler en psychiatrie!

  • En tout cas, j’ai un groupe de collègues avec qui on aime bien rigoler

  • Absolument! Une journée de travail sans quelques blagues, c’est comme un smoked meat sans moutarde.

  • Définitivement. Je pense qu’on ne pourrait pas faire face à autant d’adversité sans recourir quotidiennement à notre sens de l’humour.  Avant la pandémie, au nom des lutins, nous mettions les bureaux de nos collègues sens dessus dessous durant le tout le mois de décembre. 

 

Quelles sont les difficultés, les aspects les moins agréables que vous rencontrez dans votre spécialité?

  • Les graves troubles de la personnalité, constamment instables et chroniquement autodestructeurs, le problème de l’abus de substances qui s’est beaucoup aggravé dans les dernières décennies. Cela rend l’approche difficile

 

Quelle voiture conduisez-vous ? 

  • Une Subaru Impreza 2013. Plus récemment, nous avons aussi fait l’acquisition d’une petite voiture tout électrique (la e-Golf de VW). 

 

Comment planifiez-vous vos vacances ?  

  • Mon épouse et moi nous assoyons ensemble pour en discuter, environ autour de mars ou avril pour planifier l’été

Les étudiants/résidents vous font-ils parfois sentir dépassé?

  • Non.

  • Rarement, je fais un effort pour rester à jour ; mais les dernières années de ma pratique, je trouvais cela plus difficile de suivre le flot des nouvelles connaissances.

  • Oui, mais ce n’est pas un problème.

  • Non. Quand ils posent de bonnes questions, ils nous gardent engagés, ils peuvent même nous apprendre des choses et c’est très gratifiant. 

 

Si votre spécialité devait avoir une relation sentimentale avec une autre laquelle choisirait-elle?

  • Je vais laisser ma spécialité décider elle-même de ses inclinaisons sentimentales! ; )

  • Une affinité naturelle existe avec la médecine de famille, je crois.

  • Soyons honnête: une relation fidèle, c’est très rare. Elle serait donc possiblement en relation avec plusieurs autres spécialités en même temps. Reste à savoir si ce serait assumé, en relation ouverte, ou en cachette...

  • La gériatrie. Ensemble, nous pouvons faire de la vraie médecine holistique.

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